L’observation fine de votre enfant dans son apprentissage scolaire et la lecture des symptômes des troubles dys ont fait germer le doute dans votre esprit : il est peut-être concerné. Mais comment s’en assurer ? Qui voir et que faire pour l’aider à avancer malgré tout ?
Les parents qui suspectent un trouble dys chez leur enfant se dirigent fréquemment vers un orthophoniste – professionnel remboursé par la Sécurité sociale au contraire d’un psychomotricien ou d’un ergothérapeute qui, eux, ne le sont qu’en cas de prise en charge par la MDPH. Problème corollaire : les cabinets d’orthophonie sont fréquemment surchargés et les patients placés sur liste d’attente. Par ailleurs, un enfant dys peut avoir besoin d’une prise en charge plus complète : il est fréquent en effet qu’au trouble principal s’en ajoutent un ou plusieurs autres (une dyslexie avec une dyspraxie ou une dysgraphie, par exemple). Aussi est-il préférable de se diriger en premier lieu vers un pédopsychiatre ou un neuropédiatre pour faire le point sur les problèmes constatés. S’il le juge nécessaire, c’est-à-dire si les difficultés d’apprentissage sont profondes, perdurent et mettent l’enfant en souffrance, il vous suggérera de vous rendre dans un centre des troubles de l’apprentissage, où un médecin pourra prescrire un bilan pluridisciplinaire, indispensable au diagnostic. Si un trouble dys est avéré, « l’enfant est rendu acteur de sa rééducation , affirme David Da Rin, neuropsychologue au cabinet pluridisciplinaire EMA (Paris), spécialisé dans les troubles de l’apprentissage. On lui montre ses points forts et ses fragilités et comment y faire face, et cela a déjà un effet thérapeutique ».
Selon les résultats du bilan pluridisciplinaire, l’enfant dys sera suivi par différents professionnels. Premier interlocuteur de la famille, le médecin coordonnateur (neuropédiatre ou pédopsychiatre) prescrit des séances de rééducation chez plusieurs spécialistes selon les troubles observés, fait le lien entre eux et synthétise l’ensemble des informations concernant le jeune patient. Il assure ainsi un suivi global de cette prise en charge commune et permet de vérifier que l’accompagnement de chacun se complète et n’entre pas en opposition. Si les priorités changent au fil des années, s’il s’avère par exemple que l’enfant dys doive consulter quelque temps un professionnel de santé supplémentaire, l’équipe pourra décider d’alléger provisoirement la prise en charge des troubles dys par un autre spécialiste, afin de ne pas surcharger l’enfant dys. Dans tous les cas, le suivi dépend de la pathologie de l’enfant, de son âge et de ses attentes. Une fonction n’est pas ou plus utile à sa vie quotidienne et à ses objectifs professionnels ? Inutile alors de l’entraîner : « Un enfant dysgraphique de CE1 aura besoin de l’aide d’un psychomotricien pour écrire, explique ainsi Céline Bestoso, orthophoniste au cabinet EMA. Mais s’il est en 5e, il peut être plus judicieux de faire appel à un ergothérapeute, qui lui apprendra à travailler sur ordinateur. »
Professionnel de la communication, l’orthophoniste s’intéresse aux troubles du langage écrit et oral comme aux troubles logico-mathématiques. Il prend également en charge les problèmes de déglutition, la manière de poser sa voix ou encore la connaissance des codes sociaux permettant de s’intégrer à un groupe. Son intervention sera particulièrement nécessaire pour des élèves dyslexiques et dysphasiques, quel que soit l’âge de la personne dys, mais elle concernera également les autres troubles dys s’ils ont des répercussions sur la communication. « Nous avons des axes de travail définis, mais qui peuvent croiser ceux des autres praticiens, précise Céline Bestoso. On s’ajuste. Par exemple, je ne fais pas de graphisme car nous avons au cabinet une psychomotricienne qui le fait très bien. Si ce n’était pas le cas, je m’en occuperais ».
Le psychomotricien s’attache avant tout au développement global du patient et sollicite l’ensemble du corps pour parvenir à équilibrer fonctions motrices et vie psychique. Dans le cas de troubles des apprentissages, il prend essentiellement en charge les dyspraxies et les dysgraphies. Selon les résultats du bilan, son rôle pourra être de « rééduquer la posture de l’enfant – trop tendu ou trop détendu –, les troubles de la coordination et de l’équilibre, la latéralité – pour un gaucher contrarié, par exemple », explique Melody Kedadouche, psychomotricienne à EMA. Au travers d’activités diverses (jeux, danse, théâtre, yoga, etc.), la jeune femme œuvre également à améliorer la motricité fine, les capacités visuo-spatiales, le repérage dans le temps ou le graphisme (positionnement de la feuille, forme et tracé des lettres, respect des lignes, etc.).
Rééducateur du geste, l’ergothérapeute peut aider l’élève dys à acquérir une plus grande autonomie au quotidien et favorise l’adaptation de l’environnement aux troubles dys constatés. A l’instar des autres praticiens concernés, son travail consiste, selon la situation de l’enfant, soit à proposer une rééducation des praxies (mouvements coordonnés volontaires, effectués dans un but précis), soit à pallier les difficultés constatées par des outils choisis en fonction des objectifs visés : ordinateur, logiciel spécifique, synthèse vocale, support visuellement adapté, lettres magnétiques, etc.
Spécialiste de la vision, l’orthoptiste est parfois sollicité en cas de troubles neurovisuels ou visuo-attentionnels : il travaillera notamment l’acuité visuelle de l’enfant, la qualité et la maîtrise de ses mouvements oculaires, la coordination œil-main, la discrimination visuelle (reconnaissance des lettres et de l’ordre dans lequel elles sont placées, comparaison).
Un psychologue peut être utile pour accompagner l’enfant dys, souvent stigmatisé du fait de son trouble ou en proie au découragement si son apprentissage se déroule mal. A force de se trouver en situation d’échec et si ses efforts ne sont pas récompensés, l’enfant risque en effet de présenter une baisse progressive de l’estime de lui-même. En outre, « lorsqu’il n’a pas été pris en charge assez tôt, il arrive qu’il adopte un comportement perturbateur, indique David Da Rin : s’il vit une situation d’échec sur le plan scolaire et qu’il n’y trouve aucune valorisation, cela peut être pour lui une manière d’être reconnu positivement par ses camarades. »
Un psychologue spécialisé dans l’étude des fonctions cognitives – ou neuropsychologue – connaît particulièrement bien les pathologies neurodéveloppementales que sont les troubles dys. Il cherche à comprendre et à faire comprendre au patient dys « quel est son trouble et à quel moment il se manifeste », continue le spécialiste. Au travers de jeux de rôles par exemple, il aide l’enfant à savoir comment réagir dans telle ou telle situation et quelles ressources mobiliser pour y parvenir. Au fil des mois, le patient apprend à « cerner ce qui lui correspond et à généraliser une attitude travaillée en séance pour l’appliquer à sa vie quotidienne. »
Quel que soit le nombre de praticiens impliqués auprès de l’enfant, « le relais doit être pris par l’école et les parents. Notre prise en charge est un rouage parmi d’autres », rappelle Marie Baduel, également orthophoniste au cabinet EMA.
Afin que la rééducation soit profitable, les professionnels concernés travaillent donc avec les enseignants – auxquels ils indiquent les points travaillés en cabinet et le type d’aménagements nécessaires à leur patient – et prodiguent des conseils à la famille, comme ceux listés ci-dessous :
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