Nicolas Huchet fait partie des « makers », ces geeks bricolos qui refont le monde avec des imprimantes 3D. Lui a commencé par se refaire une main, et il y a retrouvé le goût de vivre et d’être utile aux autres.
Son histoire commence par de la culpabilité. Tellement puissante qu’elle l’empêche de réclamer des compensations financières pour l’accident du travail qui lui a coûté une main. « Je n’ai rien réclamé devant la justice. En 2002, je suis passé d’un emploi stable d’ouvrier de maintenance, à une situation précaire que connaissent beaucoup de jeunes. Reprise d’étude et formations entrecoupées de chômage, plusieurs métiers plus ou moins intéressants, pas de travail fixe, des problèmes d’argent et pas mal de déprime. La culpabilité fait qu’on subit son sort : c’est complètement absurde. Pourtant, j’ai découvert avec l’association ACDA, que c’est un mal très fréquent. Elle regroupe des parents d’enfants qui sont nés sans bras ou sans jambe. Beaucoup commencent par se sentir responsable du handicap de leur enfant. Et ils mettent du temps à relever la tête. En général, il faut s’entraider pour cela. » Relever la tête ? S’entraider ? Cela commence pour Nicolas Huchet 10 ans plus tard, en 2012, avec la découverte du monde des makers et des possibilités de l’imprimante 3D. Il franchit la porte d’un fab lab de Rennes où passionnés de technologie adeptes du logiciel libre partagent leurs idées et leurs compétences. « Le plus incroyable pour moi a été la réaction d’un des makers. Il n’avait aucun problème avec mon handicap, il a juste trouvée intéressante l’idée de fabriquer une main. Je suis revenu le lendemain, j’avais trouvé une solution pour avoir une prothèse à un coût abordable et surtout j’entrais dans un monde passionnant. Tout a coup, j’ai eu envie de faire quelque chose et d’être utile. » 4 ans plus tard, Nicolas Huchet parcours le monde comme une des figures du projet Bionico Hand. Tout ceux qui le souhaitent peuvent s’en emparer pour réaliser une main articulée pour quelques centaines d’euros (au lieu de 20 000 dans les circuits classiques). Et depuis ce premier succès, bien d’autres projets sont en marche. Gagner le pouvoir de décider pour soi et d’agir : Nicolas Huchet est sorti ainsi d’une période sombre de sa vie. Et ce qu’il souhaite le plus intensément, c’est d’offrir cette expérience au plus grand nombre. « En même temps, si je n’avais pas été dans la galère, je n’aurais peut-être pas rencontré le monde des makers », note-t-il avec humour. Devant lui : un monde de partage, de compétences et de plans « open source » qui peuvent changer la vie de milliers de personnes, handicapées ou non.
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