Vous souhaitez garder une vie professionnelle mais votre santé affecte votre travail. Comment obtenir des aménagements quand la maladie n’est pas reconnue ? Il suffit parfois d’un aménagement d’horaires, d’une mission qui permettrait de changer de posture. Les conseils pour vivre avec sa maladie chronique retenus par Hizy.
Lorsqu’on a besoin d’aménagements du temps de travail pour effectuer ses missions professionnelles, voire d’un temps partiel pour maladie chronique, l’interlocuteur incontournable est le médecin du travail. Toutes les entreprises cotisent à un service de médecine du travail. La visite ne peut être refusée. Cependant, il faut anticiper et ne pas hésiter à :
« La mission du médecin du travail est de concilier la vie au travail avec les problématiques de santé de la personne, explique Marie-Hélène Ravel, coordinatrice des actions sur la vie professionnelle au sein de l’AFA. Demandez à le rencontrer pour lui expliquer les effets de votre maladie sur votre travail et cherchez avec lui tout ce qui pourrait vous être utile. » Il est tenu au secret médical. Ni vous, ni lui, n’avez besoin de faire état de votre maladie pour justifier ses préconisations.
Il connait l’entreprise. C’est pourquoi ses propositions seront compatibles avec son organisation. L’employeur devra justifier son désaccord, le cas échéant, de temps partiel pour maladie chronique par exemple.
Cependant, comme toute consultation concernant le fait de travailler avec une maladie chronique, cette visite doit être précisément préparée, et ce d’autant plus pour une maladie peu connue. « En effet, le médecin peut ne pas comprendre les problèmes de santé, notamment la fatigue, et ce qu’ils génèrent sur le travail. Il peut se montrer prudent et douter des réels besoins du salarié, comme pourraient le faire les collègues et l’employeur.
Souvent, il s’agit de maladie invisible. C’est pourquoi il est judicieux d’apporter un courrier du médecin traitant ou d’un spécialiste, son dossier médical, des documents d’information sur la maladie venant d’une l’association », poursuit Marie-Hélène Ravel.
Ces aménagements peuvent aussi bien être mis en place sans congé maladie préalable, qu’à la reprise du travail après un long arrêt maladie. Ils sont négociables et évolutifs.
Marie-Hélène Ravel conseille de réfléchir à la question, de se demander ce qui est positif et négatif dans le fait de parler de sa maladie chronique et à qui. « D’après les études que l’on a menées, quand on peut en parler c’est plutôt une bonne chose. Les relations sont ainsi plus faciles et on obtient plus de soutien. Mais, si l’ambiance n’est pas bonne, s’il y a une forte pression de rentabilité et pas de politique d’accompagnement des gens au travail, cela peut être dangereux d’en parler. Parfois on n’a pas le choix, parce que cela va tellement mal, qu’on a tellement de difficulté à vivre avec une maladie chronique qu’on ne peut pas le cacher. »
« L’enjeu est d’éviter les situations de stress au travail, explique Cathy Aubert, secrétaire de l’association FibromyalgieSOS. Pour cela, être avec les collègues le plus naturel possible, sans excès, sans plainte, car les autres ne vont plus écouter. Il faut expliquer : je ne vais pas pouvoir faire certaines choses, je compte sur toi pour m’aider. Avec les collègues à qui l’on peut faire confiance, on peut utiliser un petit dépliant de l’association pour leur expliquer : "on a trouvé ce que j’avais, c’est un peu compliqué, mais tu peux regarder" ».
Elle ajoute que lorsqu’on obtient des aménagements, les collègues se rendent mieux compte des problèmes.
Cependant, quel que soit ce que l’on choisit de dire et à qui, il faut anticiper et se préparer aux questions et aux réflexions désagréables, même de la part des plus bienveillants. Individuellement, lorsque l’on se bat face à la maladie, il est compliqué de lutter contre les préjugés, épuisant de se défendre. L’échange avec d’autres malades permet de prendre conscience, sans en minimiser la violence, que ces préjugés ne sont pas dirigés contre soi.
« Parfois donner le nom de la maladie peut effrayer. Parfois c’est plus simple, parce que cela permet aux collègues de mieux se la représenter, de faire le lien avec l’une de leur connaissance qui souffrirait de la même pathologie, conclut Marie-Hélène Ravel. »
Remerciements
Cathy Aubert, secrétaire de l’association fibromyalgieSOS
Marie-Hélène Ravel, coordinatrice des actions sur la vie professionnelle au sein de l’Association François Aupetit (AFA) et administratrice de l’association (im)patients chroniques et associés
En savoir plus sur maladie chronique travail
L’association se consacre au soutien aux malades et à la recherche sur les Mici (maladies inflammatoires chroniques intestinales), dont les principales sont la maladie de Crohn et la recto-colite hémorragique.
L’association im patients chroniques et associés regroupe 14 associations de malades.
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