L’école ordinaire n’est pas forcément la meilleure solution pour tous les enfants. Parfois, les établissements spécialisés peuvent être bien vécus et permettre beaucoup de progrès à des enfants en situation de handicap. Comment accompagner votre enfant dans cette étape d’entrée en IME pour qu’elle ne soit pas vécue comme une sanction ou un échec ?
Au fil des rencontres et des échanges, les craintes se dissipent, la réalité prend le pas sur les fantasmes. Il ne s’agit pas d’enjoliver la réalité, mais de dédramatiser, de briser les idées reçues. Aujourd’hui, la plupart des institutions s’inscrivent dans une dynamique d’ouverture. L’établissement spécialisé n’est pas forcément synonyme de renoncement. L’enfant y trouvera aussi un environnement plus sécurisant, avec des équipes pluridisciplinaires rodées et formées aux particularités de son handicap.
Pour convaincre son enfant de quitter le milieu ordinaire, il faut d’abord être convaincu soi-même. Or, Philippe, psychologue au sein d’un IME, constate que « les parents projettent souvent leurs propres réticences ». Ce sont les a priori évoqués précédemment, la crainte de confronter son enfant à des jeunes plus lourdement handicapés, la peur de l’orienter vers une voie de garage, sans formation, sans diplôme, sans avenir. Les questions se bousculent, alimentées par le désir légitime de se maintenir dans la « norme ». Gwenn, maman de Cannelle, une fillette autiste de 7 ans, a vécu ce dilemme : « En CP, j’ai lutté avec ardeur pour que ma fille aille en CLIS. Je ne pouvais pas me résoudre à l’idée qu’elle soit exclue du système. Mais, en réalité, nous avons vécu l’enfer, elle n’était pas à sa place. Aujourd’hui, j’ai décidé d’arrêter ce combat inutile. On me propose une place en IME et je suis terriblement soulagée. J’ai enfin achevé mon travail de deuil ! »
Pour un enfant handicapé, quitter l’école, c’est renoncer à ses habitudes, à ses copains, parfois à sa famille lorsqu’il est accueilli en internat. C’est aux parents de conduire le changement de manière positive. Les intervenants (ergo, kiné, psy…) prennent aussi le relais, parce que la parole des proches ne suffit pas toujours. Cette synergie favorable l’aidera à accepter l’idée que la vie à l’école – et à plus forte raison au collège – est plus exigeante, plus éprouvante aussi, qu’en établissement spécialisé.
Au sein d’un établissement spécialisé, la prise en charge n’est pas seulement scolaire (des professeurs de l’Éducation nationale donnent des cours dans certains IME). Elle assure les soins, y compris psychologiques, dont l’enfant a besoin. On y encourage son autonomie, ses tâches quotidiennes, ses déplacements, ses loisirs. Il pratiquera des activités sportives dont il était parfois exclu à l’école. Sans oublier la préparation au parcours professionnel. Pour Mylène, éducatrice spécialisée, « l’IME n’est pas un tunnel noir et sinistre, sans avenir ni perspective. Il faut arrêter de croire que les jeunes que nous accueillons cessent d’apprendre et de progresser. » Damien, 10 ans, trisomique, se dit soulagé : « C’était bien, l’école, mais maintenant, au moins, mes copains sont comme moi. » Il préfère l’esprit de camaraderie à la solitude ressentie autrefois. De vraies passerelles Enfin, n’oublions pas que, grâce à un système de passerelles ou de temps partiel entre ULIS et IME, l’orientation en établissement spécialisé n’est pas obligatoirement radicale ou définitive. « C’est vrai que si je ne pensais pas à son avenir, explique la maman de Killian, scolarisé à mi-temps en ULIS et en IME, je l’aurais laissé en ULIS à plein temps. Mais son IME n’est pas mal du tout, il fonctionne à peu près comme l’école, si ce n’est que les éducateurs sont moins exigeants, que l’ambiance est un peu plus cool. Alors, certes, les enfants progressent moins vite sur certains points, mais je pense que c’est un bon équilibre pour Killian. »
La proposition d’orientation vers un établissement spécialisé est très souvent suggérée par l’enseignant, puisqu’il se trouve en première ligne pour détecter les retards éventuels. Mais ce n’est évidemment pas à lui de prendre cette décision. Les parents doivent se rapprocher de l’enseignant référent. Il appartient alors à ceux qui souhaitent suivre cette voie de déposer un dossier auprès de la MDPH. C’est ensuite la commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées (CDAPH) qui statue sur la meilleure solution pour l’enfant. L’équipe de suivi de la scolarisation, dont fait partie l’enseignant, est consultée pour avis. Il faut savoir que la décision finale appartient aux parents et que l’enfant en âge d’être scolarisé ne peut être exclu de son école sans leur consentement.
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