Le mauvais traitement des personnes en situation de handicap ou la maltraitance des personnes âgées est une situation grave qui peut advenir quel que soit le degré de fragilité. Elle suppose l’installation d’une domination dans la relation aidé aidant. Maltraitance personne vulnérable : les attitudes pour s’en prémunir, déceler les prémices.
On entend beaucoup parler de maltraitance des personnes âgées en maison de retraite, ou encore de maltraitance médicale, mais qu’en est-il concrètement ? Le Conseil de l’Europe a défini le terme de maltraitance commenbsp;: «nbsp;tout acte ou omission commis par une personne, s’il porte atteinte à la vie, à l’intégrité corporelle ou psychique ou à la liberté d’une autre personne ou compromet gravement le développement de sa personnalité et/ou nuit à sa sécurité financière. » La maltraitance et sa non-dénonciation sont sanctionnées par la loi.
Une relation inégale peut s’installer lorsque l’aidant veut trop bien faire et fait à la place de la personne aidée sans la consulter. Pour Alain Catala, animateur de la Comité lieu de vie à la Coderpa (Comités départementaux des retraités et personnes âgées), « le simple manque de considération prépare le terrain pour des abus plus graves et une maltraitance diffuse. S’adresser à un tiers plutôt qu’à la personne aidée, entrer sans attendre la permission, user de formulations telle que : "On a bien mangé ?" sont des prémisses d’une relation dangereuse. » Cela peut typiquement faire l’objet d’un exemple de maltraitance des personnes âgées susceptible de s’aggraver dans l’avenir. « Si les coups ou les vols attirent une forte réprobation sociale et des sanctions, il ne faut pas oublier que l’agressivité verbale et les vexations de la vie quotidienne provoquent une grande souffrance et une détresse, surtout par leur fréquence et leur durée prolongée lorsque cette relation s’installe », poursuit Alain Catala.
Lorsqu’une personne a besoin d’assistance pour ses activités essentielles, l’oubli involontaire peut avoir des conséquences dramatiques. « Adapter l’environnement à la dépendance de la personne est la principale mission d’une auxiliaire de vie. Ne pas lui rendre accessibles les objets qui lui sont nécessaires ou vitaux est un acte de maltraitance : lit resté descendu où l’on ne peut pas s’asseoir, bouteille d’eau non ouverte, aliments du frigidaire laissés dans le fond, jusqu’à « l’oubli » d’une personne dans son fauteuil pour la nuit sans aucun moyen d’agir. Pour Lina Guegan, auxiliaire de vie, c’est plonger quelqu’un dans la dépendance et l’y enfoncer. »
L’expérience, l’accompagnement et la formation d’une auxiliaire de vie constituent un critère qui permet de reconnaître une bonne structure d’aide à domicile ou une bonne auxiliaire de vie. Celle-ci sera alors plus en mesure de maintenir la relation d’aide dans un cadre professionnel et de se prémunir d’un comportement maltraitant.
Le regard que porte le bénéficiaire sur l’aidant participe au respect réciproque. Lorsque celui-ci fait défaut, il peut induire une situation délétère. Aussi, c’est important de s’interroger en amont : « Qu’est-ce que j’attends du professionnel qui vient chez moi et de moi-même en tant qu’usager ? » Le domicile devient un lieu de travail, tout en restant un lieu intime pour le bénéficiaire. C’est pourquoi, il faut se demander quelle est la place que l’on peut donner chez soi à une personne extérieure. » Cela permet de veiller à faire respecter son espace personnel, afin que le professionnel n’agisse pas comme si on n’était pas là.
Parfois, les usagers en perte d’autonomie n’osent pas dire ce qui ne va pas, par peur des représailles. Or, il faut exprimer ses besoins. Alain Catala précise : « le dire sur un ton sympathique n’est ni un reproche, ni une dénonciation. » On peut demander, par exemple, que son plat soit apporté plus tard parce qu’on a besoin de temps pour manger l’entrée. « Dans la mesure du possible, c’est préférable que ce soit les gens aidés eux-mêmes qui le fassent. Si c’est un membre de la famille ou un ami, la professionnelle verra que le circuit a été rallongé, qu’il y a eu des discussions, des reproches. Cela peut devenir gênant dans la relation aidant aidé. »
La professionnelle ne prend pas en compte vos demandes, alors que les faits sont graves ou répétés. Entourez-vous dès le début : proches, associations d’usagers… et tous ceux en qui vous avez-confiance. Quelles relations les usagers que vous connaissez ont-ils avec les aidants qui travaillent chez eux ? Est-ce normal de s’entendre dire : « tout de même, faites un effort, on dirait que vous le faites exprès ! » Si on reste seul, on peut douter de son jugement. Parmi les professionnels qui peuvent vous aider, il y a ceux de la structure prestataire : le responsable de secteur et les autres auxiliaires de vie qui viennent chez vous. C’est leur devoir d’intervenir. Cependant dans certains cas dramatiques, c’est parole contre parole. Afin d’appuyer la vôtre, Lina Guegan conseille de garder des traces : « écrire ou dicter, vous enregistrer, enregistrer les interventions, photographier.» D’abord pour vous-même, elles permettent d’y voir plus clair. Puis, elles serviront de support pour solliciter les professionnels compétents : assistante sociale, médecin traitant, service social ou le Clic (Centre local d'information et de coordination gérontologique) de la commune. Le cahier de liaison appartient aussi au bénéficiaire de l’aide, indique Lina Guegan. « On peut y noter, pour chaque intervention, les faits, y compris ceux de moindre gravité tels que les volets restés ouverts alors que l’on est dans l’incapacité de les fermer. Lorsque les pages sont numérotées, il est alors impossible de les arracher sans laisser de traces. Les infirmières lisent ce cahier. Elles peuvent vous conseiller et intervenir.
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