En période de stress comme celle que nous traversons avec le Covid-19, les parents d’enfants handicapés peuvent avoir des doutes sur leurs compétences. Les conseils éclairants d’Isabelle Filliozat, psychothérapeute, spécialiste de l’éducation positive.
Le déconfinement a permis aux familles de souffler un peu, mais nombreuses sont celles dont les enfants ne sont pas encore retournés à l’école ou en établissement et dont les parents sont encore au chômage partiel ou en télétravail.
« Être avec ses enfants 24h/24, 7 jours/7 est une situation totalement inédite pour la plupart des parents et c’est loin d’être simple à gérer, reconnait Isabelle Filliozat, psychothérapeute, conférencière et auteure d’ouvrages sur la parentalité positive. Sans compter que les enfants handicapés sont d’habitude accompagnés par de nombreux intervenants et que leurs parents se retrouvent parfois seuls à gérer. Même avec la meilleure volonté, les tensions, l’exaspération, le stress sont susceptibles d’engendrer de la souffrance pour les parents comme pour leurs enfants. Ce qui est dommage car un événement difficile comme celui que nous traversons avec la crise du coronavirus offre aussi l’occasion de mieux dialoguer avec nos enfants et de les aider à développer de nouvelles compétences émotionnelles, d’autonomie, etc. »
« Le principe même de la parentalité positive, est d’être à l’écoute des besoins des parents et des enfants, poursuit Isabelle Filliozat. On peut y mettre beaucoup de choses, mais c’est avant tout une parentalité sans violence. Un principe plus utile que jamais en ce moment car ce que nous traversons peut accentuer les violences éducatives ordinaires, les tensions et le stress qui peuvent se traduire par de l’agressivité dans les propos, les gestes. Apprendre à mieux gérer ses émotions devient crucial pour les parents comme pour les enfants.
Tous les enfants sont potentiellement fragilisés par la situation actuelle, même si on se doute que certains handicaps, notamment l’autisme ou ceux entraînant des troubles du comportement, peuvent majorer les difficultés. S’il se renferme, devient plus agressif que d’habitude ou plus demandeur, mange moins ou dort mal, avec une exagération d’un comportement, il faut se mettre à l’écoute de son souci avec tous les moyens dont l’enfant handicapé dispose par la parole, des dessins, des jeux… »
Pour aider les parents à gérer les situations difficiles et à mieux communiquer avec ses enfants, Isabelle Filliozat s’est entourée de spécialistes de la petite enfance et de l’éducation positive pour créer la plateforme Enfance et covid.
Un site riche en ressources (gratuites) pour mieux communiquer avec ses enfants et qui peuvent être utiles au-delà de la crise du Covid 19. Elle comprend : des fiches pratiques, des vidéos, des podcasts sur la gestion des émotions, des supports pratiques pour parler aux enfants des règles d’hygiène, de la distanciation sociale, du déconfinement et pour accompagner la reprise de l’école avec des kits à destination des enseignants et des parents. Des supports parfaitement adaptés aux parents d’enfants en bas âge ou en situation de handicap.
Emilie Menard, Maman de Kelyan, 13 ans, Lena, 11 ans, atteinte du syndrome Xia Gibbs et de Tristan, 7 ans. Elle est aussi présidente de l’association Portage et handicap :
« Le handicap bouleverse les principes d’éducation et on redouble sans doute de patience et de bienveillance. Ma fille pleure quand elle est contente et rit ou hurle dans d’autres circonstances inattendues, il faut s’adapter sans cesse. C’est loin d’être toujours facile, mais notre éducation basée depuis toujours sur l’écoute et la bienveillance prend en ce moment tout son sens. Nous avons traversé des moments compliqués. Il a fallu gérer les interrogations sur le virus, la frustration de ne plus pouvoir voir nos proches.
Par moments, nous avons perdu en bienveillance. Il a fallu mettre les choses à plat et se dire qu’il était important de pouvoir compter les uns sur les autres. Ne pas taire ses émotions, y compris quand elles sont négatives, est selon moi l’une des clés de l’éducation bienveillante. Surtout en ce moment. Ces situations difficiles nous mettent à l’épreuve et il est d’autant plus important d’accompagner, de répondre aux questions, d’avouer aussi son impuissance quand on ne sait pas. Cette crise nous aura aussi appris de belles choses, à lâcher prise et à rester soudés, quoi qu’il arrive. »
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