Les pics de pollution hivernaux sont de plus en plus longs et intenses. Quels sont les dangers des particules fines Les perturbateurs endocriniens, susceptibles d’affecter le système hormonal, font la Une mais les incertitudes demeurent. Et vous, quelle est votre stratégie pour protéger votre enfant vulnérable des polluants ?
Les conséquences de la pollution ne sont pas les mêmes selon la population. Premières victimes de ces polluants, les enfants sont d’autant plus vulnérables qu’ils souffrent déjà de maladies, connaissent des difficultés respiratoires, peuvent difficilement sortir s’aérer ou sont voués par leur fauteuil roulant à se promener à hauteur des pots d’échappement. Pour les parents, déjà mobilisés quotidiennement par le handicap de leur petit, la situation devient un véritable casse-tête. À tel point que certains préfèrent laisser cette question de côté – « pas notre priorité ».
A contrario, d’autres parents s’inquiètent de ne pas fragiliser encore davantage la santé de leur enfant handicapé et décident d’amorcer un changement dans leurs habitudes de vie. « Myla souffre du syndrome M-CM [macrocéphalie- malformation capillaire, une affection génétique rare], raconte ainsi Muelle. Nous ne pouvons rien faire contre sa maladie, mais nous pouvons ne pas empirer les choses en évitant de lui donner un cancer – car elle a plus de risque d’en développer du fait de la mutation du gène. » La famille habitait auparavant près de vignes bordelaises et « quand on rentrait de promenade, Myla faisait des réactions : conjonctivites, nez qui coule, nausées. Alors on a déménagé dans le Finistère, changé notre alimentation et nos habitudes de vie – produits ménagers bio et lessives bio. » Même cheminement pour Sandrine, dont la fille souffre du syndrome de Rett : « Leina doit déjà faire face à des difficultés au quotidien, mais si en plus son organisme est fragilisé par toutes ces pollutions, cela devient encore plus compliqué pour elle… » Au fil de lectures et de rencontres, Sandrine a réalisé l’impact des pollutions sur la santé des enfants et engagé une « démarche de désintoxication » qui semble profiter à la petite.
Parfois, c’est l’annonce de la maladie elle-même qui sert de déclencheur, comme chez Ludivine qui reconnaît avoir possédé, par le passé, « un nombre impressionnant de produits ménagers toxiques. Depuis la découverte du syndrome cérébelleux d’Alicia, nous n’en avons presque plus – mis à part de l’alcool ménager, un peu de javel, du bicarbonate et des huiles essentielles… » Le sujet peut aussi s’inscrire dans une réflexion plus générale, répondant à une sensibilité écologique mûrie au fil du temps. « Au-delà du polyhandicap de notre fils Nino, on se pose plus de questions pour notre santé à tous », précise Sophie Morcant Cléré, qui a commencé à s’intéresser de près aux dangers de la pollution intérieure des logements et des perturbateurs endocriniens lorsqu’elle est tombée malade voilà quelques années. D’autant plus que son mari, qui avait souffert d’asthme infantile, connaît des rechutes depuis leur emménagement le long d’un champ. « Je ne sais pas ce qu’ils utilisent comme pesticides ni s’il y a un lien, mais on est toujours soupçonneux. Aujourd’hui, nous avons banni tous les détergents chimiques et polluants, nous n’utilisons que du savon noir, du bicarbonate de soude, du vinaigre blanc ou autres produit ménager non toxique et on évite les contenants en plastique. Nous avons également changé notre alimentation et essayons de manger bio, local, sans viande industrielle. Et on débranche la wifi. »
Pour d’autres parents encore, le déclic s’opère à l’occasion d’un déménagement qui s’avère, comme pour Soren, fructueux. Atteint d’une polymicrogyrie, une pathologie qui se traduit par un déficit moteur et une malformation cérébrale, le garçon « n’a pas eu de réflexe de toux avant 5 ans et souffrait de gros difficultés respiratoires quand nous vivions à Lyon, se souvient sa mère Emmanuelle: bronchites à répétition, traitements à la cortisone, antibiotiques réguliers. Quand nous avons déménagé en Bretagne, ses problèmes respiratoires et ORL ont disparu ! »
Plus de traitement, plus de nébulisateur, plus de kiné respiratoire. « Cette expérience m’a fait prendre conscience de l’importance de la pollution de l’air extérieur, mais aussi de la pollution de l’air intérieur », conclut Emmanuelle, qui envoie régulièrement Soren prendre un bol d’air marin chez sa grand-mère domiciliée à Berck-sur-Mer. Depuis, la famille a modifié ses habitudes : « On prend garde à ne pas acheter de meubles en aggloméré, on aère une demi-heure par jour quel que soit le temps et je purifie l’air avec des huiles essentielles en même temps. On fait également attention à l’eau du robinet car en Bretagne, il y a des risques de pollution. Ce changement de mode de vie a des effets sur toute la famille : on est moins malades. Mais le sujet des perturbateurs endocriniens est très anxiogène. Il y a des annonces contradictoires : faut-il manger cinq fruits et légumes par jour si ceux-ci sont pleins de pesticides ? »
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